Régulièrement, j’ai la joie d’intervenir dans des collèges et lycées pour mettre en place des ateliers de prévention et de régulation des conflits et des cycles de formation à la médiation scolaire. Ces projets autour du mieux-vivre ensemble font particulièrement sens pour moi et j’aimerais vous en parler à travers ces quelques lignes.

Rendre visibles des formes de violences et de souffrances enfouies

Johan a 12 ans. Il se dit « harcelé » dans sa classe. Lors de l’atelier, c’est le jeune le plus visible, le plus bruyant, le plus exubérant. Dès la deuxième séance, je le vois laisser tomber progressivement son masque de « mariole », pour finalement parler de son sentiment d’être « mal vu » et de sa souffrance.

Lucie a 14 ans. Elle dit que tout va bien. Elle évoque encore et encore ce fait de harcèlement qui a conduit une jeune collégienne au suicide. Je lui demande si elle veut bien nous parler de ce que ça lui fait de penser à ce fait douloureux. Les yeux soudainement embués de larmes, elle se lance courageusement…

Marc à 13 ans. Il est plutôt chétif, pâle, d’apparence un peu replié sur lui-même. Lors d’un exercice « dessin » que je leur propose pour représenter la situation conflictuelle qu’ils vivent au sein de sa classe, il me fait une véritable œuvre d’art. Les autres saluent son dessin. Il sourit. Il dit qu’avant il était isolé et rejeté mais que désormais c’est de l’histoire ancienne.

Je suis toujours surprise de découvrir la palette de situations difficiles auxquelles sont confrontés les enfants et les jeunes au sein de leurs établissements. Parfois, il est question d’une simple remarque qui dégénère en conflit et qui va embraser la cour de récré. D’autres fois, c’est une situation qui s’installe progressivement mais sûrement avec un ou plusieurs élèves victimes de harcèlement.

En plus, le fait de « parler » lors de cette période d’adolescence est rendu difficile. Peur du regard des autres ; peur de la sanction ; peur des représailles ; peur de ne pas être pris au sérieux ; peur d’aggraver la situation ; peur de passer pour un « faible » ou une « balance ». Les raisons ne manquent pas pour ne pas parler. Alors, bien souvent, les choses s’installent et pourrissent et le silence devient maitre mot.

Développer les compétences relationnelles des jeunes à travers des ateliers

Animer des ateliers auprès de ces jeunes c’est ouvrir un véritable espace de dialogue et de construction d’un « autre monde des possibles ». Accompagner ces jeunes à se découvrir, à se raconter et à se lier différemment est un cadeau pour mon cœur. Ces mois derniers, j’ai pu proposer divers ateliers de prévention et de régulation des conflits dans plusieurs collèges et à chaque fois, c’est un voyage spécifique et déterminant.

Au départ, les élèves arrivent prudents, fatiguées, inquiets ou blasés. De par le cadre que je pose, la posture que j’adopte et les techniques proposées, ils sentent finalement assez rapidement que c’est une toute autre dynamique qui se présente. Ils ont un espace pour imaginer, pour jouer, pour échanger, pour se ré-inventer, pour devenir acteurs de leurs existences.

J’ai trois images en tête que j’aimerais vous partager :

    • La première qui me vient est celle d’un cercle restauratif que j’avais proposé pour une classe de 5e en souffrance, suite à un cas de harcèlement. L’émotion était palpable sur les visages, d’avoir su exprimer et poser au centre du cercle leurs difficultés pendant ces derniers mois. Je vois cette jeune fille émue « C’est que c’est quand même hyper émouvant M’dame de parler ainsi, à cœur ouvert ! »


    • La deuxième image est celle d’un exercice issu des techniques du théâtre de l’opprimé où un jeune m’a fait une observation très complète de tous les enjeux qu’il avait perçu, simplement en observant son corps et ceux de ses camarades dans des postures spécifiques (techniques du théâtre image). Il avait eu l’air dissipé pendant l’exercice et pourtant l’essentiel avait été parfaitement décrypté.
  •  
    • La troisième image est celle d’une professeure qui avait été présente lors d’un atelier et qui me partage, visiblement bouleversée : « J’ai l’impression que je viens de découvrir mes élèves pour la toute première fois ! ».

Ces ateliers ludiques et participatifs permettent de créer une boîte à souvenirs et de sensations intarissable, grâce à laquelle les jeunes se souviendront qu’ils peuvent communiquer de façon à être entendus ; évoquer les problèmes sans craindre des conséquences ; apprendre à accueillir et mieux gérer leurs émotions ; restaurer des relations et créer de nouveau liens avec confiance, respect et altruisme.

Et certains établissements curieux et courageux vont même plus loin, dans les efforts déployés pour apporter un climat de confiance et un mieux vivre ensemble. Certains se lancent dans la mise en place d’une véritable culture de la paix au sein de leurs structures à travers la formation d’ambassadeurs de paix, appliquant la médiation scolaire. C’est ainsi que progressivement, nous pourrons établir une culture de la paix. La culture de la paix est définie par les Nations Unies comme ” un ensemble de valeurs, attitudes, comportements et modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les Etats“.

Accompagner la prévention et la régulation des conflits via la médiation scolaire

 Les enfants et adolescents que j’ai eu la chance de former à la médiation m’ont épatée par leur capacité à s’approprier un processus aussi riche et complexe.

Au démarrage, c’est souvent laborieux, il faut passer par une phase de « déconstruction » car :

    • Ils n’ont pas appris à communiquer d’égal à égal mais à « brailler » pour se faire entendre ou à se mettre en retrait pour se faire oublier ;

    • Ils ne savent pas comment reformuler mais ils savent parfaitement « argumenter contre » ;

    • Être écoutés profondément leur semble inhabituel et même gênant car ils ont appris à se fondre dans une masse de conformité plus ou moins bien vécue ;

    • Aller au clash en entrant dans le conflit de manière frontale est une réaction typique et communément partagée ;

    • Les mettre en sécurité n’est pas chose aisée car ils vivent toutes sortes d’injustices, d’humiliations et de mauvais coups.

Toutefois, une fois quelques bases posées et plusieurs éléments clés transmis, ils entrent dans la dynamique de façon spectaculaire. Car en réalité, ils font tomber les conditionnements qu’ils ont déjà subis assez rapidement. Leur vivacité leur permet de comprendre des notions et outils complexes. Mais surtout leur ouverture de cœur fait qu’ils comprennent la démarche aisément et entrent dedans avec engagement et passion.

Ce cycle de médiation scolaire est composé d’apports théoriques et de beaucoup de mises en pratiques, avec l’implication nécessaire de plusieurs professeurs qui vont pouvoir assimiler la démarche pour ensuite la porter au sein de l’établissement.

Dans les différents projets que j’ai pu mettre en place, j’ai eu la chance de compter sur quelques professeurs merveilleux qui souhaitent vraiment construire un espace d’apprentissages et de développement serein et épanouissement, au sein de leurs établissements.

Ces ateliers et/ou la mise en place d’une formation à la médiation scolaire suscite votre intérêt ? Je me ferais une joie de vous écouter sur vos besoins en la matière et de vous expliquer la méthodologie que je propose !

J’ai notamment une plaquette qui précise pas à pas la mise en place d’un projet de médiation par les pairs.

Laure Faget Médiation – Contact (lf-mediation.com)

Alors à très vite!

Laure Faget

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *