Pourquoi un « Théâtre de l’opprimé »?
C’est en Amérique latine, « continent rouge, fleuve de sang »* que nait le Théâtre de l’opprimé. Au moment de la dictature au Brésil (1964), Augusto Boal crée cette méthode de théâtre interactif pour révéler et dénoncer les oppressions multiples. Il commence par développer un théâtre politique visant à adresser des messages pour susciter du changement. Puis, peu à peu, il se tourne peu à peu vers un théâtre partant des gens, avec les gens et pour les gens. Augusto Boal réalise en effet qu’il est plus puissant et transformateur de donner l’espace et la parole directement aux individus. Ce faisant, il les invite à devenir acteurs du changement, plutôt que de proférer ce qui doit être fait.
Un théâtre réservé aux acteurs?
Parmi les techniques du théâtre de l’opprimé, le théâtre forum est sans doute l’un des outils les plus spectaculaires. Le théâtre forum est né grâce à une dame qui, en regardant une scène produite par les comédiens de la troupe de Boal, fulminait de rage. Les acteurs ne faisaient qu’interpréter quelque chose qu’ils n’avaient pas vécu dans leur chair. Boal lui propose alors de venir sur scène remplacer un acteur pour proposer et incarner SA solution au problème présenté. C’est là qu’est née le Théâtre forum.
Le théâtre-forum se présente sous forme de saynètes illustrant des problématiques sociales. La scène présentée est conflictuelle et se termine mal. Un « joker » fait le lien entre les acteurs sur scène et les « spect-acteurs » qui vont pouvoir intervenir dans le déroulé de l’action. La scène est en effet rejouée et la possibilité est donnée à toute personne du public d’entrer sur scène pour remplacer un acteur et proposer sa solution. Puis ensuite se crée un échange entre scène et public pour analyser ce qui est en train de se jouer.
L’idée est d’activer l’intelligence collective au service de la transformation sociale. Pouvoir se mettre ainsi en action pour générer du changement booste ainsi créativité et favorise le développement du pouvoir d’agir.
Pourquoi le Théâtre de l'opprimé favorise un mieux-vivre ensemble?
Participer à un atelier Théâtre de l’opprimé c’est de donner la possibilité de créer et d’évoluer dans un espace de confiance qui va permettre de multiples expressions. C’est de (re) découvrir en entrant en interaction avec l’autre, pour que ce mélange de personnes, de styles, de problématiques, de cultures produise quelque chose. Pouvoir aborder le conflit grâce à une série de jeux et de dynamiques permet d’ouvrir ses perspectives et d’arriver à une plus grande compréhension. « Faire est la meilleure façon de dire » (José Marti, poète et révolutionnaire du XIXe siècle). Quand je suis capable de construire et de déconstruire avec l’autre, avec respect et confiance, alors je contribue au mieux-vivre ensemble.
Aussi, cette approche de l’éducation populaire permet d’identifier des enjeux sociétaux qui viennent compromettre le vivre-ensemble. Repérer des situations d’oppressions pour soi et pour l’autre dans le but d’en sortir est rendu possible grâce à cette méthode. En émergent des prises de consciences et des pistes de solutions concrètes, individuelles et collectives.
Concrètement un atelier théâtre forum, ça ressemble à quoi?
Dans mes ateliers, je vous propose avant tout de jouer en expérimentant une série d’exercices et de techniques. On se réunit pour explorer et penser ensemble. Par le jeu théâtral, on établit ou rétablit du dialogue. Je vous invite à identifier des thématiques sociales sur lesquelles vous aimeriez vous pencher, et on problématise ensemble pour ensuite pouvoir passer à des mises en situation. Je m’adapte aux envies, besoins et rythmes du groupe pour que chaque personne se sente à l’aise et puisse réaliser ces explorations, dans un espace de confiance.
Une participante m’a dit la dernière fois « Ca fait grand bien de retrouver son esprit d’enfant » et un autre m’a dit « C’était bien mais quand même, ça déstabilise ». Tout ça, c’est parfait. Vous viendrez trouver ce que vous cherchiez, voire même ce que vous ne cherchiez pas. Et si vous ne cherchez rien, c’est bien aussi. Dans ce cas, venez simplement vous amuser!
Laure Faget