Et si on cessait de se comparer ?
Alors bien sûr, parler de sa propre situation en écho à ce que la personne en face nous raconte n’est pas mauvais en soi. Cela permet de créer des liens, cela fait des ponts. Une amie vous raconte sa rupture douloureuse. Vous l’écoutez quelques minutes avant de dire « Je comprends carrément, j’ai vécu exactement la même chose avec un tel…etc. ».
En réalité, ramener ainsi les choses à soi-même traduit une volonté de dire à l’autre qu’on le comprend car on a vécu quelque chose de similaire. En soi, il n’y a probablement aucune mauvaise intention derrière. Néanmoins, fatalement lorsque l’on fait ça, on n’est définitivement plus en train d’écouter l’autre. On est plutôt en train de banaliser son récit en le décrivant comme quelque chose « qui arrive à d’autres ». Et de ce fait, on se met à parler de soi et on cesse d’écouter l’autre.
Accueillir la singularité d’un récit qui n’est pas le votre
Or, la personne qui vous raconte son récit a envie de sentir que vous comprenez en quoi son récit est unique, en quoi son histoire est singulière, elle n’a pas forcément envie d’être comparée. En effet, à la base si elle est venue vous parler, c’est qu’elle souhaitait être écoutée. Ceci dit, elle n’est probablement pas contre l’idée d’écouter votre histoire, mais alors dans un deuxième temps.
C’est comme si lors de médiations que je facilite, je me mettais à comparer les récits de vie de mes clients : « Vous savez, je connais un couple qui a vécu quelque chose de très similaire, et la solution qu’ils ont adoptée pourrait très bien vous convenir ». Il ne me resterait alors plus qu’à leur suggérer cette solution déjà toute faite. Or, cela reviendrait à méconnaître la singularité de leur situation, à ne pas entendre leurs besoins profonds qui leur sont propres.
Conclusion : Bien qu’il soit agréable de faire des liens avec son récit de vie et celui des autres, gardons en tête que la comparaison a ses limites et que s’approprier le récit de l’autre peut amener de la frustration.