Dernièrement, j’ai réalisé mon premier kidnapping! Dis comme ça, c’est vrai que c’est flippant, voire complètement alarmant!

    Pas de panique, il ne s’agit pas là de vieux restes de Colombie qui m’auraient un peu trop inspirée, c’était simplement dans le cadre d’une formation que je donne en tant que consultante pour OTHER SOLUTIONS. Drôle de job, me direz-vous! En effet, préparer des futurs expatriés de différentes ONG au terrain n’est pas de tout repos. Surtout quand le déploiement est imminent, que le terrain est « à risques » et que la formation concerne la sécurité personnelle.

A quoi ressemble une formation en securité personnelle?

Imaginez, vous débarquez dans un pays imaginaire au contexte géopolitique bien tendu et instable et quelques « bricoles » vous tombent dessus au niveau sécuritaire. En tant que formateurs, facilitateurs mais aussi acteurs, on vous plonge pendant quelques jours dans un tel scénario, vous proposant ainsi une combinaison alliant modules théoriques et mises en pratiques d’une certaine intensité.

Mais au fait, à quoi ça sert? Sachant que ce ne sont que des simulations, quel impact après tout?

A vrai dire, être placé dans une telle situation de vulnérabilité et de stress à différentes reprises pendant quelques jours révèle bien des choses sur soi-même et sur les dynamiques de groupe. La formation – qui a été évaluée par des psychologues – n’est pas traumatogène mais procure tout de même son lot d’émotions. Pour ceux qui se demandent ce qui fait qu’on entre dedans ou non, je vous répondrai que les hormones libérées par votre cerveau se chargeront de vous impliquer dans ce training. Par ailleurs, nous sommes d’excellents acteurs! Pic d’adrénaline, de cortisol, le cœur qui s’emballe et l’espace d’un instant, vous êtes plongés dans un état particulier; oubliant ainsi que tout cela n’est qu’un scénario!

Quelles réactions en situations de stress?

Face à une situation de stress important, on voit apparaître toutes sortes de réactions humaines. Faire demi-tour et s’échapper devant la milice armée en pleine nuit au milieu de la forêt, abandonnant ainsi le groupe. S’enfermer dans les toilettes pour échapper à une petite visite musclée ayant lieu en salle de cours. Se mettre à hurler sur un officier de l’armée car la vue d’une personne blessée à proximité a suscité de la panique. Bloquer totalement face à une situation de stress et ne plus pouvoir se mouvoir. En réalité, ce sont autant de réactions possibles face au stress que j’ai observées à plusieurs reprises chez les participants. Dans de telles circonstances, les grands discours sur ce qu’on ferait ou non disparaissent et laissent place à l’action. D’autant que, dans de pareilles configurations, il faut agir et vite!

Comment s’active notre mode survie?

Ainsi, on parle généralement des 3 grandes réactions « F » (abréviation en anglais pour désigner Fight, Flight, Freeze) à savoir le combat, la fuite, la sidération. Vouloir rendre la pareille et répliquer. Fuir pour échapper à la situation. Être paralyser et ne rien pouvoir faire. Trois réactions qui s’expliquent de façon biologique et qui se façonnent aussi en fonction de votre vécu, expériences, cultures et bien sûr en fonction de votre niveau de préparation.. etc. Et de votre côté, savez-vous de quelle façon s’active votre mode survie et ce qui en résulte ?

A notre avis, ce training serait insensé et peu instructif si chaque session n’était pas suivie d’un débriefing avec un véritable espace d’écoute. C’est pourquoi chaque fin de simulation est suivie par trois étapes: un « defusing » pour évoquer les émotions et sensations liées à l’événement; une restitution des faits et enfin une discussion sur les bonnes pratiques à adopter dans telle ou telle situation. En effet, se préparer, connaître ses propres réactions permet de diminuer les effets négatifs provoqués par le stress et de mieux gérer une situation difficile. Et de mon côté, observer un groupe en (ré)action afin de l’accompagner au mieux est toujours très formateur.